top of page

Se faire violence

  • Photo du rédacteur: Psy Caraibes
    Psy Caraibes
  • 30 mars 2023
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 14 avr.

As-tu déjà entendu ou prononcé cette phrase ?

Elle est souvent employée dans des contextes de performance et de dépassement de soi ou face à des situations difficiles. Se faire violence serait le moyen par excellence d'atteindre des objectifs difficilement accessibles et ça serait la meilleure façon de traverser l'adversité. Mais arrêtons nous 2 min sur le sens des mots. La violence est selon l'OMS l’utilisation intentionnelle de la force physique, de menaces à l’encontre des autres ou de soi-même (...) qui entraînent ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problèmes de développement ou un décès. Si l'intention positive, l’idée cachée au coeur de cette phrase est de pointer l'enjeu d'une situation, de marquer la nécessité de s'engager, de rester focus, discipliné et déterminé en quoi cela devrait-il avoir avec la violence ? Alors, quand on dit:

"il faut se faire violence"

De quelle violence parle-t'on, quelle violence doit-on subir pour avoir l'assurance d'atteindre ses objectifs?


La sienne ou celle de ce qui nous entoure?


Car au delà de nous, au delà de notre pouvoir personnel sur nous même, l'univers dans lequel on évolue, les situations que l'on rencontrent, peuvent être violents. Si je parle de tout ça c'est parce que bien souvent on pense les problématiques que l'on rencontre au niveau individuel alors qu'elles ont aussi une dimension collective voir systémique.

On peut s'interroger sur les représentations sociales rattachées à cette expression, sur les valeurs et les codes intériorisés à travers l'éducation, et plus largement la société, qui nous amènent à croire que le chemin le plus efficace à emprunter pour atteindre un but doit nécessairement passer par la violence ? Je pense aux personnes dites en "surpoids" dont le corps ne correspond pas aux normes, et qui bien décidées à perdre du poids, se font violence à travers une restriction alimentaire intenable dans la durée car depuis petites elles évoluent dans un monde ou être gros-se est un problème,

Je pense à ces personnes qui se blanchissent la peau, à celles qui se lissent les cheveux car elles ont intériorisé que leur apparence ne correspond pas aux canons de la société. Je pense aussi aux pratiques éducatives inadaptées, aux violences éducatives ordinaires qui confondent autorité et autoritarisme, et à toutes ces personnes qui se sous prétexte de "se faire violence", s'abiment en acceptant des situations personnelles ou professionnelles insoutenables pour s'assurer d'être validées ou acceptées par les autres.

Je pense à toutes ces fois ou l'on franchis nos limites protectrices, nos frontières physiques, émotionnelles, sexuelles, temporelles, matérielles... Les phrases que nous prononçons, les histoires que nous racontons les mots que nous choisissons sont importants. Ils façonnent notre réalité et celle de ceux qui nous entourent. Ils dévoilent nos manières de penser et de voir le monde et véhiculent nos idéaux. Se faire violence fait partie des petites phrases assassines que l'on s'adresse à soi même et qui participent à augmenter la culpabilité et la confusion d'être à la fois victime et bourreau, Se faire violence, c'est prendre la responsabilité d'une violence qui bien souvent vient de l'extérieur et que au fil du temps on fait sienne. A bientôt dans mon Insula Soumaëla-Territoire Nomade

 
 
 

Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
bottom of page